Dimanche 20 février 2022

La journée d’hier s’est terminée par une joyeuse partie de scrabble , même si la fatigue se lisait sur les visages.

Tout est calme ce matin, sous un ciel brumeux. Christian, qui nous accompagne depuis mercredi, doit repartir à Alger, le taxi et l’escorte sont déjà là.

Nous garderons de lui sa jeunesse et son ouverture d’esprit, sa simplicité, sa connivence avec cette Communauté du Chemin Neuf….. Merci Christian pour ce que tu répand autour de toi.

Profitons de ce temps libre, pour regarder autour de nous ; une fois passée la porte du monastère ; l’environnement proche paraît presque désertique et lunaire, avec cette mosquée inachevée et abandonnée suite à un affaissement de terrain ; seuls quelques arbres rabougris viennent égayer le paysage. Passée la route principale ,les maisons sont posées de façon disparate, et communiquent entre-elles par des sentiers sommaires.

Pourtant, ce village ( de quelques centaines d’habitants) grouille de vie, et l’école accueille une centaine d’élèves que l’on voit déambuler chaque matin devant le monastère. Presque tous ici sont de la même famille  « à côté,c’est mon frère, plus loin c’est mon oncle, ».

Mais l’accueil est partout chaleureux, les gens aiment rencontrer.

Il n’a pas plu depuis plus de deux mois et les villageois sont inquiets, que vont manger les moutons ?

Félicité et Stéphanie nous proposent de les accompagner jusque chez Youssef-Joseph et sa famille qui habitent à quelques centaines de mètres.

Après un coup d’oeil à sa bergerie pour s’attendrir devant 5 minuscules chevreaux, nous sommes invités à rentrer pour le café et les gâteaux. L’aménagement est sommaire, mais Youssef tient à nous expliquer qu’il a pu être réalisé grâce à l’aide des moines par l’association « des amis de Tibhirine »

Youssef nous présente sa famille : Leila sa femme, ses deux filles, et son fils . Confortablement installés sur de simples canapés, Stéphanie profite de la conversation pour améliorer son arabe (elle suit des cours depuis quelques mois ) , tandis que la plus jeune fille (6/7 ans) montre fièrement à Félicité son livre de français de l’école. Youssef, aussi bavard que jovial ,lui laisse à peine le temps de nous chanter pomme d’api et une souris verte. .Nous sommes frappés par la chaleur qui se dégage de cette famille et la tendresse des filles pour leur père.

Autour de nous, trois pièces presque sans mobilier, hormis la précieuse armoire « qui me vient de ma grand-mère ». Pas de lit dans la maison, mais des tapis et des coussins rangés dans la journée, et un mobilier quasi inexistant.

Après le café, nous visiterons les extérieurs: la basse cour, la plantation de figuiers où Youssef récolte aussi le foin pour les moutons.

Youssef est gardien de nuit à l’école du village et spécialiste en ferronnerie. C’est aussi mon quo-équipier au monastère, et il tient à me montrer la pergola qu’il a réalisé à l’appui de sa maison.

L’heure de la prière approche, nous prenons congé et rentrons au monastère au milieu d’une ribambelle de gamins qui jouent avec un chariot « fabrication maison » tandis que d’autres jouent au ballon. Merci Youssef de nous avoir ouvert ta porte, grâce à toi nous connaîtrons un peu mieux la vie des familles qui nous entourent,et resterons fidèles à l’esprit de Christian de Chergé.