Pas de visites ! pas de travail ! pas de vent ! pas de pluie ! pas d’œufs à chercher dans le jardin, rien que le soleil et la joie du ressuscité sur la petite Communauté (nous sommes toujours 5 )

Pour fêter l ‘événement, après la messe de 11h30, Eugène propose de réveiller ces cloches qui illustraient notre dernier billet, en sommeil depuis plus de 15 ans, bel hommage à tous ces moines passés ici.
En bon sacristain, il manœuvre les cordes et un joyeux carillon annonce la joie de Pâques à tout le village, comme en réplique à la voix du muezzin diffusée chaque jour.

A 16h30, Bruno propose une promenade campagnarde que nous acceptons d’autant plus volontiers qu’il maîtrise l’arabe.
Au départ, nous visitons l’épicerie du village qui surplombe le monastère, puis Ben Ali nous entraîne dans sa caverne souterraine -on se croirait dans un abri anti-atomique, à moins que ce ne soit dans les cafforts de Trôo – là sont installés des appareils et des écrans qui mesurent le  » hoquet  » de la terre, assez fréquent dans la région. Un système de liaison informatique permet de lire l’intensité et la localisation des secousses sismiques dans la région.

       Nous poursuivons notre marche sur la petite route, et une autre surprise nous attend, après avoir traversé quelques hameaux et  troupeaux de moutons. Nous arrivons chez la famille Césarée, là, 5 frères et cousins nous ont donné une autre image de l’agriculture algérienne: 2 tracteurs dans la cour (même s’ils ne sont plus très jeunes), un atelier très équipé, un bâtiment « poulets de chair » où les poussins viennent juste d’arriver,une troupe de moutons,un atelier d’engraissement « bovins », quelques parcelles de vignes, et une petite activité d’entreprise de travaux agricoles,le tout orchestré par des gens ouverts, curieux et dynamiques,et qui semblent heureux de leur situation.
    L’habitat n’est pas en reste, nous serons invités à prendre le café, et, au bout d’un moment, un des frères arrive avec une collection de grandes photos couleur…..des moines de Tibhirine, avec lesquels ils ont partagé des moments forts, particulièrement au moment des voeux de Frère Ricardo (brésilien)…… Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre comment, d’origine différente, de religion différente,et de mode de vie opposés, pouvait naître cette amitié et cette relation que l’on a sentie très forte……..Serions- nous venus à Tibhirine pour comprendre ce que Christian de Chergé avait découvert avec les musulmans qui l’entouraient ?
   Nous avons été accueillis dans une cuisine , aménagée à la française ou se côtoyaient différentes générations de femmes :les grands mères sans doute, tout en noir , des jeunes mamans habillées à l’européenne ; l’une ayant un bébé sur les genoux tandis qu’un autre enfant se promenait dans un baby-trot .Une jeune parlait un peu français et nous avons échangé sur les prénoms des enfants , elles n’interviennent pas dans la conversation des hommes; mais très gentiment  elles nous ont proposé des « croquets’-maison .
    Tout ce trajet pédestre que nous venons de parcourir était parait-il celui que Frère Luc le médecin parcourait le dimanche pour s’aérer et rencontrer les paysans.

     Ce lundi jour de notre départ , je réussis enfin à rencontrer une des dames de « Caritas » ; c’est un groupe d’une trentaine de femmes qui se retrouvent  pour faire de la couture et broderie dans un local attenant à la « cafetaria » du monastère ; cette mise à disposition commencée  par les moines se poursuit aujourd’hui. J ai été accueillie par une des deux responsables qui viennent tous les jours , mais les autres couturières viennent une fois par semaine. Elles confectionnent des nappes et serviettes, chemins de table essentiellement ; certaines font une partie de leur travail à la maison.
Une fois par mois une personne responsable de Caritas vient d’Alger chercher les objets finis pou les mettre en vente ; cela permet aux femmes d’avoir un peu d’argent ; elles travaillent dans une pièce spacieuse et claire , bien agréable.