La météo ne se trompe pas toujours, la neige est bien au rendez-vous,et rend tout l’environnement féerique.
Les moutons ne sortiront pas, Youssef et Samir s’installent à la cave pour une activité originale: la fabrication du vinaigre (chez nous il sert à faire la sauce, mais ici,c’est la boisson matinale diététique !!!! ).Les tonnelets de pommes broyées qui attendent depuis 2 mois avec un morceau de pain comme acidifiant deviendront des bouteilles de vinaigre prisées par les visiteurs.
Retranché à l’atelier, je suis maintenant en mesure de démonter une serrure les yeux fermés, tant j’en ai opéré pour restauration.Youssef et Samir m’ont confié quelques outils à réparer, le poste à souder leur reste étranger (de fait, il faut commencer par réparer le poste lui-même). Je déambule a travers tout le monastère avec un seau en guise de caisse à outils, à l’affût des fermetures défectueuses, sans oublier mon appareil photo pour immortaliser un paysage très rare à cette époque,
Les visiteurs sont aussi restés chez eux, à part une dame à la recherche de médicaments à qui on a dû expliquer que Frère Luc n’était plus ici……depuis 20 ans.
Le grand projet pour demain jeudi, c’est la sortie « courses » à Médéa – il faut de temps en temps remplir le frigo, et le stock de vis touche à sa fin-.la police est prévenue et l’escorte sera là à 8h pour nous accompagner.

Jeudi matin, la 2ème couche a été passée cette nuit, la sortie du garage est laborieuse, nos anges gardiens attendent un peu plus haut avec leur 4×4.  La neige redouble, la police est repartie quand nous arrivons à leur hauteur, et la partie de cache-cache durera plus d’une heure  avant d’annuler la sortie.
Pour nous réchauffer, Samir nous attend à la « cafétaria » où arrivent bientôt deux voisins en quête de foin pour leurs moutons qui ne peuvent sortir. Le printemps tardif met à mal les maigres réserves hivernales, il faudra rationner.

Viendra! viendra pas! notre groupe de 5 français attendu pour cet après midi, et qui doivent rester 24 h avec nous!
Mais si, mais si, l’escorte et nos 5 compatriotes débarquent dans l’après-midi .Zabeth retrouve des gestes familiers d’accueil à la ferme: préparer les chambres, faire les lits, faire la cuisine –  avec les courses qu’on n’a pas faites –
L’oratoire devient vite rempli et d’autant plus vivant quand l’effectif passe de 4 à 9, même si la chorale à encore des progrès à faire. Le commentaire d’évangile sur la violence prend tout son sens dans ce lieu de paix. Où en suis-je face à l’acceptation de l’autre différent?
L’heure du dîner , un vrai dîner digne d’une table d’hôtes des Pignons, nous permet de faire connaissance avec nos 5 Grenoblois. Grâce à l’un des leurs habitué de l’Algérie, Michèle revenait pour la 1ère fois sur la trace de ses ancêtres Kabyles sans nouvelles depuis plus d’un siècle. Presqu’ en larmes, elle nous décrit la chaleur de l’accueil dans ce village retrouvé, et l’émotion réciproque d’un lointain cousin. Tous sont frappés  par cet accueil généreux rencontré lors de leur périple algérien.
Les oranges du jardin du cloître ont été très appréciées, et un thé bien chaud terminera ce sympathique  repas franco-français.